Acte I
sept > déc 2006
Spectacles
création
création le 5 octobre 2006 à Strasbourg (TNS) puis tournée
Une troupe perdue quelque part au centre de l’Europe doit ce soir-là, au sortir de la scène, fêter des fiançailles. Jean-Luc Lagarce a écrit Nous, les héros pour des acteurs, pour Les Solitaires Intempestifs, la troupe qui l’accompagnait lors de son dernier spectacle : Le Malade imaginaire. Et c’est justement d’une troupe d’acteurs dont il est question ici. Peut-être très différente de sa propre « famille de théâtre », sauf si – La fête se prépare, et alors qu’on est censés se réjouir, personne n’arrive à faire semblant. « Aussitôt en coulisses les pires vices moraux éclatent à nouveau au grand jour. » Le conflit est toujours sur le point d’exploser. On discute. On se déchire à propos de la distinction entre comique et risible. On voudrait ne pas céder sur la longueur et la qualité de ses rôles. On s’interroge sur la meilleure façon de faire la guerre : sous les drapeaux ou sur la scène ? Car la guerre est imminente. Et Nuremberg semble le seul horizon mais comment y aller ? Faut-il y retourner d’une traite ou passer par des stations intermédiaires, pour jouer en chemin ? On voudrait que les autres, les nôtres, nous « sauvent ». Le fils propose un changement de répertoire ; une pièce dans la pièce, récit d’un opéra, met en scène une jeune femme : « Karl : Elle est en train de se noyer. Max : Le héros la sauve. Karl : En ça qu’il est un héros. » Nous, les héros. Qui sont les héros ici ? Les acteurs justement. Mais de quoi ?
Marion Stoufflet et Guillaume Vincent