Année Lagarce 2007 - Jean-Luc Lagarce

Acte I


sept > déc 2006

Spectacles

 

Les Serviteurs

reprise

de Jean-Luc Lagarce

mise en scène Gislaine Drahy

reprise, octobre 2006 à la Rose des Vents - Villeneuve d’Ascq

En un peu plus de vingt ans d’existence de ma compagnie, le Théâtre Narration, j’ai très peu monté d’auteurs de théâtre, de textes écrits pour le théâtre, préférant souvent « déporter » des écritures littéraires ou poétiques incitant à renouveler, à déborder les conventions de la représentation

Ce qui, de spectacle en spectacle, s’affirme et se précise, c’est un besoin d’ajustement de l’espace et du temps qui trouve son origine dans un rapport au texte, à la langue. C’est un goût immodéré du texte, de la langue, comme acuïté singulière, irréductible, et de son insurrection dans le temps du théâtre. C’est le désir de voir le plateau devenir chambre ouverte d’écoute et d’échos, lieu d’un précipité chimique, poétique… où la langue se fait corps, et évidence sensible, ordre et désordre, scandale et douceur.

Et j’ai surtout, par goût de l’inconnu, de l’aventure sans référence, monté des auteurs vivants. Avec, dans mon parcours, deux exceptions notables : Eschyle et Corneille.

Il y a encore bien des auteurs - morts, vivants, à venir… - que j’aimerais monter, que j’enrage, que je regrette de ne pouvoir monter, que je sais que je ne monterai pas. (Parmi eux, étrangement, de plus en plus d’auteurs de théâtre…) Et, dans cette urgence qui devient la mienne, il y a Jean-Luc Lagarce, dont je monte Les Serviteurs.
Parce qu’aucune pièce ne m’est plus contemporaine que cette pièce méconnue – pièce des débuts - de l’un des trois météores du théâtre français de la fin du vingtième siècle trop vite disparus. Et parce que tout mon travail, me semble-t-il aujourd’hui, me préparait à la rencontre avec cette écriture.

Gislaine Drahy